Dans « Orlando », il y a land. Un mot magique, un déclencheur, pour Adriana Butoi, artiste animée par les notions de transgression et de frontière. Orlando de Virginia Woolf est un roman sous forme de biographie fictive de ce courtisan anglais genderfluid qui change d’identité de genre au mitan de sa vie fantastiquement étalée sur 300 ans. Le personnage traverse ainsi les siècles, en tant qu’homme eten tant que femme, une superposition qui évoque, à Adriana Butoi, l’être multidimensionnel dans lequel elle se reconnaît. Elle qui a changé de pays, vécu entre les mondes, connaît intimement le sentiment tenace de l’étrangeté, celui qui rend compliqué le simple fait de s’asseoir, de trouver un refuge, d’appartenir.
Adriana Butoi prend donc Orlando comme point de départ, prétexte au déploiement de sa propre histoire, une exploration de ses archives, de la notion de fluidité, de la figure de l’androgyne, de l’hybridité. Adriana Butoi travaille, au cours de sa résidence, à l’écriture d’un texte choral pour regrouper ses diverses influences et références. Foucault, Rimbaud, Woolf sont convoqué·es pour recoudre des réalités déchirées, pour soigner des conflits intérieurs : un travail en cours…
Adriana Butoi.
Adriana Butoi est une artiste interdisciplinaire roumaine qui travaille, depuis 2011, au Mexique. Docteure en théâtre, elle se forme en Roumanie, au Mexique et au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD). Elle développe, depuis plus de 25 ans, une pratique hybride qui mêle jeu d’acteur, performance, danse, écriture, art vidéo et recherche en sciences humaines. Théoricienne et praticienne de théâtre performatif, elle explore les rituels de transgression et les dynamiques de transformation identitaire à travers des formats et dispositifs (extra)scéniques expérimentaux. Ses axes de travail : hybridité, résistances, diversités, liens entre l’intime et le politique. Elle est à l’origine de HIBRIDOS laberintorio rizomatico, une plateforme nomade de création et de recherche.
photographie ©Alexandre Boissot lors du Temps très fort #1 : performance Quo Vadis, Sanguis.
